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Bumo Gangri


Posté le 02/11/13 à 20h 35min 56s par Devon

Grâce à Dieu j'ai réussi à supprimer ces souvenirs de ma mémoire, mais il n'y a qu'une seule chose que je n'oublierai jamais. L'odeur du froid, comme si j'aurai pu penser un jour que le froid pouvait avoir une odeur. C'était comme une sensation familière de douleur mêlée à une intense et impassible vérité. Là où je me trouvais je n'étais plus le maître, et il y avait quelque chose au dessus de moi, quelque chose de bien plus grand et d'infiniment puissant. Se sentir écraser par le poids de la réalité, cette implacable et insupportable évidence : j'étais seul et petit, entouré par les bras d'un Dieu qui m'apparaissait enfin. Le brouillard se faisait dense et l'odeur d'humidité glaciale se faisait sentir davantage. Sortir de cette longue solitude pour se retrouver sous le regard du Tout Puissant était comme la promesse d'un tête à tête juteux.

Les idoles du passé connaissaient une lente agonie, et de leurs cendres pestilentielles renaissaient la gloire d'un dieu nouveau, le front ceint de rayons et les mains d'anneaux d'or. Pourtant ce n'était pas un dieu moribond qui m’apparus, mais une tragique douleur qui finissait toujours par vaincre. C'était le brouillard qui s'abat sur les montagnes et étouffe dans leur sommeil les peuples qui ont trop vite oubliés la puissance de sa magie. Ici vivent les fous qui se sont détournés de toi et qui ont joint les mains devant un autre autel. La montagne se venge et le brouillard tue, je me souvient encore de son odeur humide, glaciale. Aussi apeuré que vainqueur, ma fierté guidait adroitement mes pas et m'interdit de faiblir. J'ouvrai mes bras à la créature qui se faisait appeler par de saints noms et je reconnue sur sa face les stigmates de notre commune déchéance. Son visage comme le mien était connu de ceux qui veulent croire, et nous portions sur nos épaules le résultat de leurs prières. Les mots qui susurrent appellent à la vérité comme au mystère.

La vérité nue était qu'il y avait en moi un talent bien peu secret, et c'est ce qui fit de moi un être vivant dans un reliquaire d'or. Le mystère restera pour moi une énigme, et je m'y interdit d'y penser car je sais que ce qui m'attend au bout du chemin est la démence la plus insupportable. J'ai peur de savoir, j'ai même peur de chercher. Ce peut-il que tous ces fous aient raison, et que si je suis né auréolé d'or c'est parce que le ciel s'est ouvert sous mes pas ? Si cela était vrai n'y aurait il pas en moi une carapace vide, qui jamais ne serait ému en voyant les femmes plier les genoux et les hommes joindre les mains ? Si j'étais vraiment ce dieu je serait implacable et terrible, plus fort que les brouillards anciens et éternel à jamais.

Pourtant je ne peux m'empêcher de voir la mort autour de moi. Les corps des hommes palpitent, et je ressent à travers ma chair comme le bruit sourd d'une ruche animée autour de moi. Ce son ne s'arrête jamais, et dans ma tête le bourdonnement continue même si la vie à quittée la bouche de cet homme. Il n'y a que moi qui ressent ce lien qui fini par se dégrader lorsque la viande pourrit et que le brouillard m'enlève ce qui me restait de ce fidèle. Qui croire quand la nuit est longue et que personne n'est sur que le jour se lèvera enfin ?

Peut importe les mystères, je suis le diable sur la route de montagne, celui qui perd le voyageur et le fait se détourner de sa voie. Ainsi me parla le dieu ancien, avant de m'abandonner à ma haine, seul une fois de plus. J'étais en vie et la fuite avait la goût de la liberté. Partir et abandonner toute cette misère, fuir ces montagnes de maudits, dont les plaintes ne cesserons jamais de me poursuivre, le bourdonnement sourd des âmes qui s'égarent autour de moi et me tirent du fond de leur tombe. Je sais que je cesserai de tenir bon, et que lâchant prise je m'offrirais aux vers qui attendent de lécher mes ossements, depuis le jour où Bumo Gangri s'est détourné du chemin de la foi.


Le journal de June


Posté le 21/02/12 à 22h 37min 28s par Miyu

Day A, part 1



Aujourd’hui est un jour de plus dans une vie monotone.

Ce matin mon lit était vide. De deux choses l’une : ou j’ai dormi seul, ce qui serait bien la première fois après un cocktail, ou ma conquête de la nuit dernière était tout aussi éméchée que moi, et elle a eu tellement honte qu’elle a préféré partir régler ses comptes avec elle-même avant que je ne le fasse pour elle. Sans doute une femme mariée, qui aura passé tout le chemin du retour à se demander quelle excuse bidon elle pourrait sortir à son idiot de mari pour le convaincre de sa bonne foi. Rares sont ceux qui sont francs, chez les femmes comme chez les hommes.
Et tandis que je retournai dans ma salle de bains, j’ai eu un flash… Ah oui, homme. C’était un homme qui était dans mon lit. Pas une femme.
Oui, j’en suis presque sûr… Mais malgré le contrôle phénoménal que j’ai sur moi-même en toute circonstance, pas moyen de me rappeler qui…
Jusqu’à ce que je voie la médaille oubliée sur la commode, en tout cas. Sourire malsain. Jouissance…
Oldie Magyar. Ce minable, qui se vautre dans son luxe et ses prostituées de luxe sans scrupules ni cas de conscience envers sa femme.
J’ai un peu pitié de cette pauvre fille. Chanteuse à succès… Mouais, tu parles. Une blonde bodybuildée avec la poitrine cent pour cent silicone. Même pas belle, juste totalement artificielle… Elle a même été jusqu’à se faire refaire les chevilles pour plaire à ce gars. Je le tiens de source sûre : c’est elle qui s’est échappée en courant de chez moi la semaine dernière après avoir voulu faire la maligne en forçant sur le ponch… Trois verres, voyez-vous ça…
Je plains ce couple. Ils sont plus ridicules l’un que l’autre, et ne valent pas mieux l’un que l’autre… Je suis bien placé pour le savoir.

Donc, M. Oldie a oublié sa chaîne sur ma table de nuit. Quel drame, comment va-t-il expliquer ça à son hystérique de femme ?

J’ai choisi de prendre la chaîne au boulot. Au moment où je fermais ma grille, les dernières effluves d’alcool de la soirée passée s’étaient dissipées. Aaaah, à peine une heure de gueule de bois, vive l’entraînement. Finalement, peut-être mon enfance m’aura-t-elle été utile à quelque chose. Rendez-vous compte : j’absorbe des quantités d’alcool impressionnantes à une vitesse fulgurante, je satisfais toujours mes partenaires sexuels, et je m’assure donc une réputation de prodige auprès de la jet-set elpaienne.

 

Day A, part 2



Ce jour n’aura peut-être pas été définitivement perdu. Pour certains, il aura marqué le point de départ d’une nouvelle vie de couple… J’ai croisé Oldie Magyar ce midi, et nous avons partagé un repas de roi dans un cadre de rêve… Je te jure, quelle idée de donner une cafétéria commune aux modèles des deux plus grandes marques de luxe de la galaxie. Leur prétexte ? Assurer une relation de convivialité entre les deux entreprises… Pfff, de toute façon, il n’y a que le grand public pour croire à des aberrations pareilles. Convivialité, mon… postérieur, oui. Mais pour une fois, j’ai pu savourer le plaisir de partager la table de quelqu’un de l’entreprise adverse. Tout en amabilité, le fringant étalon, quand il m’a vu débarquer. Il était entouré de son habituelle bande de sociopathes testostéronés, alors tu parles qu’il a sorti ses habituelles boutades aimables et hilarantes, du meilleur goût qui soit, à mon égard. Il a nettement moins ri quand je me suis arrêté à sa table avec un grand sourire. Il fallait le voir se déconfire à mesure que j’approchais… C’était assez hilarant. Mais le pire, et là où j’ai eu le plus de mal à me retenir d’éclater de rire, c’est quand je me suis assis en face de lui, et que j’ai sorti sa médaille. C’était à se tordre.

- Salut Oldie. Ca ne serait pas à toi par hasard ? ai-je dit.

En moins d’une seconde, le bel éphèbe rouleur de mécaniques est devenu blême. Il ne riait plus du tout, le pauvre petit bonhomme. Moi par contre…

- Tu l’avais laissé chez, euh…

Regard faussement inquiet de ma part à ses acolytes, qui fixaient la médaille dorée avec des yeux ronds.

- … Enfin, peu importe, je te l’ai rapportée. Tâche de ne pas l’oublier la prochaine fois, tête en l’air.

Clin d’œil à mon cher et tendre ami. Dire qu’il était blanc à ce moment-là… Non, ce serait exagérer sa lenteur d’esprit. C’est fou comme les primates sans matière grise peuvent changer de couleur en un temps record… A croire que même s’ils ne comprennent pas ce qu’on leur dit, ils sentent qu’on veut leur faire du mal. Oldie, parfait exemple du mâle décérébré, avait réussi à aligner en moins de cinq minutes quatre couleurs différentes : le rouge de son orgueil d’étalon fringant, le rose de l’animal qui se ressaisit parce qu’il sent la menace qui pèse sur lui, le blanc de la surprise désagréable, le vert de la peur, et à ce moment, il se mit à virer de nouveau rouge de fureur.

- Toi, t’es vraiment un…

Je ne le laissai pas finir, et sortit une nouvelle carte de la poche intérieure de ma veste. Un anneau doré. Oldie ne percuta pas tout de suite.

- Au fait, fis-je d’un ton narquois (il avait ouvert les hostilités, tant pis pour lui). Tu pourras rendre ça à Milady de ma part ?

Le visage de mon interlocuteur (enfin, de l’alien avec qui j’essayais de communiquer) se décomposa à nouveau lorsque je posai l’anneau sur la table. Il le fixa un moment, bouche bée. Puis il releva la tête vers moi. Il avait l’air sonné et stupéfait de quelqu’un qu’on viendrait d’attaquer à la déloyale.

C’était l’alliance de sa femme que je venais de poser sous ses yeux écarquillés. Pauvre, pauvre Oldie. Il était loin, cet instant où il se permettait encore de rire. Quant à moi, je me retenais à grand peine de me pisser dessus, tellement la scène était cocasse.
Avant de laisser le temps à la grosse bête brutale encore assommée de se ressaisir, je me levai (sans mon plateau tant qu’à faire) et je fis demi-tour, mon plus large sourire goguenard affiché tel l’étendard de ma victoire sur mon visage. Je venais de ruiner la réputation d’un sex-symbol de la planète. Cocu par son amant. On n’aura jamais vu ça. Je me foutais bien de savoir comment son couple se relèverait de tout ça. Peut-être qu’il ne se relèverait pas… En fait, le plus probable était que l’un comme l’autre tenteraient de faire comme si de rien n’était. Ces gens-là sont tellement imbibés de leurs mœurs luxueuses et mensongères qu’ils appliquent ces principes de vie en amour autant qu’ailleurs.

Une fois dehors, je pus laisser libre cours à mon fou rire. Comme c’était bon, de voir ce gros naze se noyer dans sa propre débauche… Oh, les rumeurs allaient courir. Oh, oui. Ses potes ne laisseraient jamais passer une occasion pareille de jaser. Et ça remonterait jusqu’à la direction. Oh, oui. Et j’aurais le beau rôle dans l’histoire : je suis peut-être un connard, mais c’est ce qui attire l’admiration des gens. Dans un milieu où tout le monde se déteste, on respecte celui qui, par sa volonté propre et indépendante, parvient à se moquer du monde entier en toute impunité. Donc, son patron allait sans doute s’arranger pour que son étalon devenu hongre reste à l’ombre de la stalle et se fasse quelque peu oublier, le temps que les magazines people trouvent d’autres scandales à la fois croustillants, passionnants et des plus intéressants.
De toute façon, c’est comme ça que ça fonctionne sur Elpa. Si tout le monde l’ignore, c’est parce que le gouvernement s’est bien arrangé : changez vos semblables en abrutis, vos partisans en adorateurs. Aveuglez-les, et ce sera le meilleur des mondes. Vous serez un dieu, à la fois pour eux qui vous aduleront, et pour vous-même, puisque vous ne ressemblerez plus en rien à ces singes, qui ne voient et entendent que ce que vous leur dites de voir et d’entendre.

Ah, oui, vraiment, la société parfaite. Enfin, je n’ai pas vraiment à me plaindre, je vis ma vie comme je l’entends, je suis l’égérie de Charnel, la plus grande marque de luxe de la galaxie, et mes photos sont distribuées dans tous les centres commerciaux. Si en plus je peux botter les fesses de singes prétentieux, ça me convient très bien. Mais au moins, j’ai choisi d’accepter ce système.

 


Haïkus sélénites


Posté le 19/01/12 à 08h 17min 57s par Hugar

Einn daginn, dagur til að sjá,

Dagur að dreyma
Og fara aftur að sofa
 
[Un jour seulement, un jour pour voir,
Un jour pour rêver
Et se rendormir]
 
Undir gelta í heiminum
Borgir og höf
Hér erum við, lifandi
 
[Sous l'écorce du monde,
Les villes et les mers
C'est ici que nous sommes, vivant]
 
Mundu þá daga þegar tíminn var ekki fært, 
Þar sem tími lenti,
Eins og ís á vatninu


[Souviens-toi du temps où le temps ne bougeait pas, 
Où le temps s'était posé,
Comme la glace sur l'eau]


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